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Camille Muffat, R.I.P

Le journaliste Éric Mugneret avait échangé avec Camille Muffat quelques semaines après les Jeux olympiques de Londres, au cours desquels la Française avait remporté la médaille d\'or sur 400 mètres nage libre, mais aussi l\'argent sur 200 mètres et le bronze au sein du relais 4x200 mètres nage libre. Alors âgée de 22 ans, Camille Muffat a raconté en détails ses sublimes JO, ses impressions au jour le jour et l\'après-Londres. Des mots simples, à l\'image de la personnalité décrite par ses proches...

#SportEnDeuil

Nous vous proposons de (re)découvrir l'entretien que la nageuse nous avait accordé après son titre olympique et publié sous un long verbatim dans le livre "L´Année du Sport Féminin 2012» co-édité par Sportiva-infos et dfO, LES ÉDITIONS.

"Aux JO de Pékin, j'avais 18 ans. Je n'avais pas vraiment d'aînée dans ma spécialité qui puisse me guider. J'ai découvert les choses par moi-même. A la télé, on ne se rend pas vraiment compte de l'ampleur des Jeux olympiques. Cela n'a rien à voir avec un championnat du monde. Et pourtant, ce sont les mêmes nageurs. D'habitude, dans les grands championnats, nous logés dans des hôtels de très bon standing. Au village olympique, ce sont des appartements de six avec des chambres de deux et un grand salon. On doit se gérer tout seul avec des athlètes qui se couchent plus tard, et parfois du bruit car tous les athlètes ne concourent pas au même moment. Le village olympique, la presse, toute une ville qui bat au rythme des Jeux... Tout est multiplié par cent, par mille. On est submergé par cette dimension, par le fait de rencontrer des stars planétaires comme des basketteurs ou des tennismen.
"Après les Jeux de Pékin, je me suis projetée vers les Jeux de Londres pour être à ce moment-là au sommet de carrière. J'ai atteint à Londres le rêve d'une vie : un sacre olympique sur 400 m nage libre, à l'âge de 22 ans. C'était l'épreuve d'une vie. Ce moment restera gravé à vie dans ma mémoire. Une demi-heure après mon titre, le relais 4 x 100 m était sacré champion olympique chez les garçons. J'ai partagé ces moments avec Clément (Lefert) et Yannick (Agnel), mes partenaires d'entraînements à Nice. Nous sommes liés à vie. "À Londres, j'ai commencé par décrocher l'or dans la course où je suis la plus forte. De
l'extérieur, on ne se rend pas compte combien il est difficile d'enchaîner les épreuves. Après un titre olympique, tout s'enchaîne. Point presse, contrôle antidopage qui peut prendre de une à deux heures et un nouveau point presse. Je me suis couchée à 2 heures du matin. Mon cœur battait très fort. Je n'ai presque pas dormi. On n'est pas habitué à ce type d'émotions. Le lendemain, je devais me réveiller à 7 heures du matin pour préparer ma série du 200 m nage libre. Et le lendemain je décrochais la médaille d'argent sur cette distance. Chaque médaille a une saveur particulière. L'or, c'est le rêve d'une vie. Pour l'argent, je n'ai
aucun regret même si nous sommes là pour gagner. J'ai battu l'Américaine (Allison Schmitt) sur 400 m, elle m'a battue sur le 200 m. C'est de bonne guerre... J'étais sur le nuage de ma médaille d'or. Je ne peux pas être déçue. Le bronze avec le relais a encore une saveur différente. C'est un relais composé de nageuses anciennes et nouvelles. Cela fait plusieurs années que je fais partie de ce relais qui n'avait jamais été titré au niveau international. Nous
avions un objectif commun : monter sur le podium. Nous savions que les Américaines et les Australiennes nageaient trop vite, mais on a cru au podium.
"J'étais heureuse pour les autres, des nageuses que je connais depuis cinq ou six
ans. C'était une émotion partagée.
"En quatre jours, j'ai nagé sept courses avec une seule matinée de repos. Après ma semaine de compétition, je suis restée à Londres. J'ai pu profiter pleinement de ma deuxième semaine en savourant chaque moment, notamment les autres médailles françaises, avec un sentiment de plénitude. C'était l'occasion d'assister à d'autres épreuves. J'ai eu la chance d'assister aux finales du 100 m et du 200 m, à la finale du hand, mais aussi à des matchs de volley-ball.
J'aurais aimé voir du basket, du judo ou de la gymnastique, mais ces épreuves étaient incompatibles avec mon calendrier ou je n'ai pas pu avoir de billets. Ensuite, je suis partie deux semaines aux Antilles. J'ai coupé avec la natation. Je me suis contentée de voir passer les raies et les tortues ! Je me suis rendu compte là-bas ce que signifiait un titre olympique. Tout le monde me reconnaissait. Parfois avec un petit doute : vous n'êtes pas Camille Muffat?!
La plupart ne suivent la natation qu'à l'occasion des Jeux. J'ai reçu des milliers de message sur ma page Facebook. J'étais très émue. Je pense que les gens savent que la natation est un sport difficile qui exige beaucoup de rigueur et d'investissement. C'est une école de la vie. On nage par plaisir. On ne voit pas ça comme un métier même si on nage tous les jours. Et il est difficile d'en vivre. J'ai conscience qu'une médaille olympique vous ériger au rang de "star". C'est assez bizarre mais il faut l'assumer. Et je suis suffisamment intelligente et bien entourée pour gérer sereinement la suite.
"Désormais, il faut se fixer, année par année, de nouveaux objectifs pour les Jeux de Rio. J'aurai alors 26 ans. Un âge où il devient compliqué de briller sur 200 m et 400 m nage libre."


Sportiva-infos, Sportiva-latina et la maison d'édition dfO, LES ÉDITIONS souhaitent témoigner de leur peine et adressent aux proches des victimes leurs plus sincères condoléances.

La Rédaction

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