‘Le cheval dans l’arbre’, la librairie de Céret, 7.000 habitants, est menée avec goût et décision par un amateur de littérature étrangère et de BD. Rencontre.
Rencontre
« Et pourquoi pas une librairie ? » Titulaire d’un DEA d’histoire de l’art mais bloqué dans sa recherche d’emploi car l’Education nationale ne proposait pas alors de Capes dans ce domaine, Jean-Luc Pélissou, se résout à prendre une librairie. Nous sommes au milieu des années 90 et la quête effectuée avec sa femme entre Arles-sur-Rhône et Perpignan déborde un peu de ce cadre pour amener ce biterrois d’origine à s’installer à Céret.
A l ‘écart des grands axes, au pied de la montagne et « sur la même latitude que Rome », selon le leitmotiv des dépliants du syndicat d’initiative local, la petite sous-préfecture au fort passé artistique se révèle un bon plan. « J’étais sur le point de m’installer à Béziers, et, par hasard, je tombe sur une annonce dans un gratuit. La libraire correspondait à mes attentes au niveau taille car je voulais travailler seul… »
Installé en plein centre depuis 1997 Jean-Luc Pélissou ne s’en plaint pas: « Le Musée d’Art Moderne de la ville constitue un avantage pour mon activité, mais également le fait que je sois à 30 kilomètres de Perpignan. Les gens du Vallespi qui habitent Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains ou Prats-de-Mollo, s’arrêtent plus facilement ici pour acheter ou commander. Nous sommes dans une région où la population, relativement âgée, ‘achète pas en ligne. »
Notre libraire mène ainsi sa monture commerciale sans à-coup (« en quinze ans j’ai dû me disputer deux fois ») et surtout avec une motivation intacte : «J’ai refusé le système de l’office et, aujourd’hui, à 80%, ce que je propose je l’ai choisi moi-même. » Ses goûts ce sont dans l’ordre : littérature étrangère (anglo-saxonne et sud-américaine), musique, art, sciences humaines, poésie, BD. Jean-Luc Pélissou fait aussi honneur aux éditeurs locaux et notamment les Editions Trabucayre et à l’écrivain cérétan René Borrat(« c’est une figure d’ici, il est incontournable »). Sur les succès grand public sa position est claire : « Vargas je prends, Musso et Lévy, non.»
Et si le sport n’est pas présent dans ses rayons, le patron de la librairie ‘Le cheval dans l’Arbre’ a su faire une petite place aux livres de dfO, LES ÉDITIONS et notamment à ceux consacrés au rugby. « J’ai eu Raoul Barrière [ancien entraîneur du Béziers de la grande époque] comme prof de sport au lycée Henry IV de Béziers et j’étais en classe avec sa fille, Leslie. Mes parents étaient fous de rugby et m’avaient amené à la finale contre l’Usap. Le rugby j’aime, même si l’esprit de clocher ce n’est pas ma tasse de thé. » Bon sang ne saurait mentir.